Ce laboratoire s’est voulu pluridisciplinaire dès ses origines. En 1964, Corneille Jest, ethnologue, spécialiste du Népal, lance en effet l’idée d’une recherche collective népalaise, laquelle voit le jour en 1965 sous la forme d’une RCP (Recherche coopérative sur programme), la RCP 65 "Etude des régions népalaises", dont il occupe la fonction de chef de mission sous la responsabilité du directeur du Musée de l’Homme, Jacques Millot. En 1970, la RCP 253 "Écologie et géologie de l’Himalaya central", en prend la suite. Une grenouille "Ercepe" [1] (Nanorana ercepeae) trouvée dans les moyennes montagnes de l’ouest du Népal par les membres de l’équipe lui est dédiée. En 1975, l’agronomie rejoint l’ethnologie, la biologie, la géographie, l’écologie et la géologie avec la création du Groupement de recherche (GRECO) Himalaya-Karakorum, qui se caractérise par une remarquable pluralité des approches où sciences de la vie, sciences de la terre et sciences de l’homme se répondent sur une aire d’étude élargie à l’ensemble de l’Himalaya. L’UPR 299 en assure la relève en 1990. Dirigée jusqu’en 1994 par Gérard Toffin, puis par Fernand Meyer (1995-2004) et Joëlle Smadja (2005-2012), elle bénéficie entre 2013 et 2016 d’une direction collégiale, composée de Philippe Ramirez, Olivia Aubriot et Pascale Dollfus. Depuis 2016 Philippe Ramirez assure la direction avec Bernadette Sellers. Enfin, depuis janvier 2019 l’équipe de direction est constituée de Nicolas Sihlé et de Bernadette Sellers.
Aujourd’hui, si l’ethnologie, la géographie et l’agronomie demeurent les disciplines maîtresses de l’équipe, la biologie et la géologie ont laissé place à l’histoire, l’histoire de l’art, la philologie et la linguistique. Les principaux terrains d’étude se trouvent au Népal, en Inde (Ladakh, Himachal Pradesh, Uttarakhand, Assam, Meghalaya et Arunachal Pradesh), et en République populaire de Chine (Région autonome du Tibet, Yunnan, Sichuan, Qinghai).
La richesse de l’aire himalayenne, tient à sa situation entre piémonts tropicaux et zones arides et froides de très haute altitude qui offre une mosaïque de milieux écologiques diversifiés et complémentaires, mais aussi à sa position à l’interface des mondes indien et chinois et à la très grande diversité linguistique et culturelle des populations qui l’habitent.
L’Himalaya constitue de fait un laboratoire privilégié pour observer sur le terrain des situations paradigmatiques propres à alimenter des réflexions d’ordre plus général portant, entre autres, sur les rapports du religieux et du politique, les processus de diffusion des idées et des techniques, la dialectique entre les centres de pouvoir et les marges, les mouvements de revendication identitaire, les processus migratoires, la gestion et la préservation des ressources naturelles, les modalités et les politiques du « développement ». Plusieurs programmes collectifs s’intéressent ainsi aux notions de territoire, aux enjeux environnementaux et aux changements récents qu’ils soient d’ordre politique, religieux ou climatique.
Depuis le début des années 1960, grâce à une politique d’achat et de collecte systématique sur le terrain, un fonds documentaire pluridisciplinaire unique a été constitué : la bibliothèque du Centre d’études himalayennes. Elle comprend de nombreux ouvrages publiés localement et dont elle est la seule à disposer. Rattachée à l’UPR 299, elle est avec 35 000 références, le fonds himalayen le plus important du monde.
Contact
UPR299 Centre d’études himalayennes, CNRS
Campus Condorcet
Bâtiment EHESS
2ème étage
2, cours des Humanités
93322 Aubervilliers
France
Mél : himalaya@cnrs.fr
[1] "Ercepe" est la prononciation phonétique de "RCP".