Résumé
Le destin iconographique du dieu Indra au Népal apparaît en tout point remarquable. La vallée de Katmandou, foyer de la culture néwar, a adopté ce dieu indien, mais elle lui a donné des caractères propres, des figures inédites, alors même que les représentations d’Indra disparaissaient progressivement du sous-continent au xiie siècle, à quelques exceptions près. L’article s’attache aux particularités de cette statuaire népalaise (bois, métal, pierre) et démontre que certains types iconographiques qui ont perduré à travers les siècles, du xie à nos jours, se rattachent en grande partie à l’Indrajātrā, une fête royale, qui se tient tous les ans fin août ou en septembre. Il s’agit donc d’éclairer une iconographie par le contexte culturel local, tout particulièrement par la légende qui forme le canevas de la fête. Le bouddhisme a joué un rôle considérable dans ce développement. Il a imposé sa marque, notamment autour de la figure de Vasundharā, identifiée à la mère d’Indra. L’article s’attache aux statues les plus nobles, sans négliger les formes plus populaires qui font d’Indra un dieu phallique de la fécondité et qui l’associent à la mort. Il conclut sur l’importance de mener de front, quand c’est possible, histoire de l’art et étude ethnographique.
Mots-clés : Indra ; Vasundharā ; Népal ; Indrajātrā ; acculturation ; sculptures ; hindouisme ; bouddhisme